Les statistiques reflètent aussi la peur de la pauvreté à la retraite

À la fin de l›année 2023, près de 813 400 citoyens suisses vivaient à l’étranger. Cela correspond à une augmentation de 1,7 % par rapport à 2022. Ces nouveaux chiffres ont été publiés fin mars par l’Office fédéral de la statistique. La plus grande proportion de Suisses de l’étranger (environ 64 %) réside toujours en Europe. C’est toujours en France et en Allemagne que vivaient, en 2023, les communautés de Suisses de l’étranger les plus importantes. La majorité d’entre eux (56 %) a entre 18 et 65 ans et est donc en âge de travailler.

Comme ces dernières années, le groupe des Suisses de l’étranger de plus de 65 ans a augmenté, en 2023, plus rapidement (de près de 4 %) que les autres tranches d’âge. Tandis qu’une part de cette évolution est due au vieillissement, l’émigration joue également un rôle majeur: certains indicateurs laissent à penser que la hausse du nombre d’émigrés est aussi due au risque de pauvreté à la retraite. Dans un sondage du projet de recherche «nccr – on the move», le motif le plus fréquent d’expatriation invoqué par les personnes interrogées est la cherté de la vie en Suisse ainsi que le désir de conserver ou d’améliorer leur qualité de vie. Les statistiques de l’AVS le suggèrent également. En 2022, les Suisses vivant en Suisse ont touché une rente AVS mensuelle de 1919 francs suisses en moyenne. Au sein de la Cinquième Suisse, la rente moyenne a été nettement inférieure, atteignant 1209 francs.

Les retraités suisses vivant à l’étranger font actuellement face à de forts vents contraires soufflés par les médias et la politique. Une motion récente proposait ainsi de supprimer les rentes pour enfants des retraités et de les remplacer, si nécessaire, par des prestations complémentaires plus importantes. Étant donné que les personnes vivant à l’étranger n’ont pas droit à de telles prestations, les Suisses de l’étranger à faible revenu verraient ainsi leurs rentes pour enfants biffées sans compensation.

L’image de retraités menant une vie luxueuse surgit souvent dans le débat sur la prévoyance vieillesse des Suisses de l’étranger: pour une majorité d’entre eux, elle ne correspond toutefois pas à la réalité. Il s’agit souvent de personnes qui, si elles étaient restées en Suisse, auraient dû demander des prestations complémentaires. Le président de l’Organisation des Suisses de l’étranger, Filippo Lombardi, souligne ainsi: «En général, les Suisses qui s’installent à l’étranger à la retraite déchargent le système social suisse. Les attaques croissantes contre leur prévoyance vieillesse sont donc mal ciblées et injustifiées.»